Cours d'écologie             

Chapitre 1 : Observer le fonctionnement des principaux systèmes de la nature.

Rappel : ce chapitre constitue un résumé succinct du livre "Le Macroscope" de Joël de Rosnay (Le Seuil, 8€ environ), que je vous invite vivement à lire.

 But : acquérir un savoir et comprendre un minimum en écologie, économie et biologie, la notion d'approche systémique. 

Le milieu vivant  repose sur le fonctionnement de l'écosystème et agit sur cet écosystème.

Cet écosystème subit aussi les effets d'actions extérieures (conditions atmosphériques, par ex.).

Tout ceci réclame de l'énergie. Depuis la nuit des temps jusqu'à l'apparition des moulins, ce fut le soleil et l'intérieur de la terre qui furent le seul fournisseur d'énergie.

L'écosystème peut lui aussi être considéré comme un milieu vivant, avec des cycles énormes transformant le minéral en vivant, puis en recyclant celui-ci (retour au minéral). Tout ceci se fait par l'intermédiaire d'apport d'énergie (soleil, …) et les mouvements (vent, pluie, courants et rivières charriant les éléments nourriciers).

Tout ceci se paye au prix d'une chute d'énergie: le soleil apporte sans cesse de l'énergie, mais la température de la planète n'augmente pas (sauf pollution au CO2 actuelle), cette énergie est donc utilisée pour transformer l'inerte en vivant, c'est ce qui fait fonctionner la machine. En fait, le cycle de l'énergie est plus compliqué: énergie restituée pendant l'oxydation, perte d'énergie vers l'espace; pour être bref, cet équilibre de la température est fragile et on n'en connaît que les principales causes. On peut considérer le soleil comme inépuisable.

Le vivant a besoin de six éléments : Carbone, Hydrogène, Oxygène, Azote, Soufre et Phosphore. Ces éléments se combinent en consommant de l'énergie pour donner des molécules plus complexes qui formeront elles même des êtres vivants.

- Rappelons que la vie (sous forme de cellules simples) est apparue il y a environ 3 milliards d'années et les premiers êtres multicellulaires, depuis 1 milliard d'années (seulement !).

- On comprend mieux maintenant pourquoi il est nécessaire de recycler : tout rejet dans la nature d' objet non biodégradable a une triple conséquence : perte d'énergie + obligation d'extraire une nouvelle matière première (avec perte d'énergie supplémentaire) + perturbation du milieu vivant.

 

L'économie de la nature = production, consommation, décomposition.

Ce cycle, nous le connaissons à l'échelle agricole et industrielle, mais on néglige la dernière partie parce qu'économiquement (en fait : capitalistiquement) non rentable à court terme. Les écologistes réclament cette prise en compte, elle est la clé du développement durable, c'est une assurance vie pour nos enfants.

L'économie de la nature a pour but le maintien de la vie et s'organise comme suit :

v      production

v      stockage,

v      distribution

v      consommation,

v      répartition adéquate de l'énergie

v      recyclage

Sans ce dernier stade, la boucle n'est pas bouclée, le cycle ne peut recommencer. A titre personnel, j'ai une formation d'automaticien et, dans le process de production industriel (machines automatisées) on distingue deux types de régulation : en boucle ouverte et en boucle fermée. La première n'est presque jamais utilisée parce qu'elle ne peut prendre en compte une influence externe. Exemple simplifié: un bouton marche/arrêt n'arrête pas la machine sans action sur le bouton. En cas de pépin, il faut "reboucler" (disjoncteur, …).

L'écologie oblige de prendre en compte ce recyclage pour que la "machine vivante" continue de tourner.

 

Quelques exemples (naturels / artificiels):

- Production : plantes / produits manufacturés

- Stockage : tubercules, nodules, pétrole / réservoirs, conserves

- Distribution : rivière, canaux pour la sève, circulation sanguine / chemin de fer, camion

(la rivière transporte les alluvions)

- consommation : animal / homme

- répartition de l'énergie : vent, courants marins, étagement de la végétation (bois, sous bois, mousse) / pipeline, camion citerne

- recyclage : champignons, insectes nécrophages, microorganismes / centre de tri, usine de retraitement, pourrissoir (ces derniers n'apparaissent qu'à la fin du 20ème siècle).

 

Le recyclage

Il est l'œuvre d'une population trop méprisée (hormis les truffes) et souvent invisible: champignons, levures, protozoaires, insectes, mollusques, vers, …

Ils décomposent une matière chimiquement élaborée en éléments plus simples, eau et CO2, plus de la chaleur. Ce processus rend les éléments minéraux au sol. Par gravité, ces éléments se concentrent dans les parties basses et planes pour constituer des plaines fertiles.

Conséquences :

1: créer des cultures en terrasse plutôt que labourer des terrains en pente, l'agriculteur finit par fertiliser les champs en contrebas (et les polluer avec les pesticides). Sans parler de l'eutrophisation (*) des cours d'eau.

2: il vaut mieux organiser ses cultures en fonction de ces organismes et s'en faire des alliés, plutôt que répandre force produits finalement dévastateurs. Pour le moins, il faut limiter la diffusion de ces produits en laissant des bandes herbagées entre les champs et les cours d'eau, etc.

3: laisser les terrains économiquement non rentables, ils constituent des réserves biologiques insoupçonnées.

 

 Régulation et maintien des équilibres

Les équilibres de la nature se sont mis en place petit à petit au cours du dernier milliard d'année, s'autorégulent et se complexifient lentement. Toute transformation brutale (désherbants, produits surdosés, OGM) détruit pour longtemps ces cycles biogéochimiques dynamiques naturels.

 

Comment se réalise cette régulation ?

- Certains éléments organiques ou minéraux jouent le rôle d'inhibiteurs ou d'activateurs, leur action combinée est régulatrice (voir schéma). Quand un écosystème est en place, les équilibres sont établis et les cycles s'enchaînent, se modifiant petit à petit à cause  des éléments extérieurs (crues, érosion, remontée par les racines d'éléments nutritifs, …).

- Quand les conditions changent (climat, aménagement, drainage, …), des stocks se constituent du simple fait que d'autres plantes et animaux adaptés aux nouvelles conditions n'apporteront pas les mêmes éléments ni n'auront les mêmes besoins, un nouvel écosystème se met en place. Dans le pire des cas, l'écosystème disparaîtra (désertification, bétonnage).

Les stocks peuvent disparaître par infiltration ou érosion, ils seront utilisés par les écosystèmes en aval, ou bien créer des tourbières, des dépôts, ils seront alors utilisés lors d'un nouveau changement.

Il faut aussi prendre en compte les stocks saisonniers : réserves dans les racines, décomposition des feuilles pour reconstituer l'humus.

Pour résumer, la régulation se fait au moyen de stocks, d'activateurs et d'inhibiteurs qui font varier ces stocks.

 

 

Des stocks planétaires

v      Le sol constitue une réserve d'éléments et oligoéléments mise à jour par l'érosion (stock ancien dans certains cas).

v      L'atmosphère joue le rôle de réservoir de CO2 élément de base du bois et fibres ligneuses

v      L'hydrosphère et les nappes souterraines

 

Conclusion sur la régulation : il est difficile de prévoir l'évolution à long terme d'un écosystème modifié, s'il est très solide, il contrecarre les ambitions humaines, s'il est fragile, il peut s'effondrer. Entre les deux, l'homme doit être attentif.

 

Economie, macro-économie, écologie

L'homme, son agriculture, son commerce et son industrie modifient des équilibres plus que millénaires. Nos sociétés ont deux solutions :

- soit on se comporte comme des parasites profiteurs, au risque (fatidique) de détruire cette planète

- soit nous décidons de vivre en symbiose avec elle.

 

L'économie est l'étude des moyens de production et de distribution de biens en quantité toujours plus grande à l'échelle d'un pays, à l'échelle du monde pour la macro-économie. En ignorant toujours superbement pourquoi cette planète est pleine de vie.

De plus la machine économique a branché ses tuyaux sur les grands cycles écologiques et épuise à une vitesse fantastique l'énergie et les matières créées et/ou stockées depuis des temps immémoriaux, empiète sur les écosystèmes vitaux pour les transformer à son seul bénéfice immédiat, pour enfin rejeter ses déchets comme une merde de chien sur un trottoir.

La vision de l'homme "moderne" se réduit aux relations entre Production, Consommation, Marché. Et pour la majorité des décideurs économiques : comment faire du profit à 5 ou 10 ans, et 25 à 50 ans pour les plus prévoyants.

Je ne veux pas ici développer un cours d'économie, je vous conseille de lire "Le Macroscope" de J de Rosnay, collection Points au Seuil (~8 €) pages 35 à 53, c'est simple, bien fait et plein de schémas.

Vous trouverez les étapes du développement de la société, depuis la maîtrise du feu jusqu'à l'ère industrielle, ainsi que le passage de l'artisanat à l'industrie. Cette dernière partie fera l'objet d'un chapitre entier.

 

Exemple de  schéma :

CoursEcologieChap 1b

 

                                                 

 

 

La ville : un système économique particulier

Autour d'une économie rurale, le respect  de règles écologiques n'est pas très difficile. Les villes sont une création humaine récente, y a-t-il compatibilité entre ville et écologie ?

La ville moderne nait au 19ème siècle, de 4 villes de plus de 1M d'habitants en 1850, nous sommes passés à 150 et 80 % de la population mondiale vit dans des villes de plus de 100 000 h. Elle nait du besoin de l'homme à concentrer ses activités, parallèlement à la mécanisation des moyens de transport.

On doit considérer la ville comme une concentration de moyens humains, matériels et de services. Même si les services n'ont pas vocation d'être rentables, ils seraient d'un coût difficilement supportable dans un habitat dispersé. Pour le reste, cette concentration est une source d'économie mais jusqu'à un certain point : Au départ, une ville répond à un besoin assez précis et est "conçue" en conséquence, jusque là, tout va bien.

Mais elle acquiert un pouvoir d'attraction qui occasionne un développement non prévu qui provoque des difficultés : circulation des biens et des personnes allongée et ralentie, pollution non maîtrisée, difficultés sociales diverses, … . En gestion d'entreprise, il existe la notion de "quantité économique", assez simple dans son principe, elle serait certainement plus difficile à appliquer au niveau d'une ville (plus grande complexité de gestion des besoins) mais donnerait certainement l'idée d'une taille mini et maxi à respecter (optimisation des moyens et des résultats). On créerait alors une autre ville plutôt que la laisser devenir obèse. Vous comprenez l'allusion ?

Bien sûr, il faut qu'elle puisse disposer alentour de ressources suffisantes et renouvelables (agriculture), ou durables (matières premières principalement). Les anciens créaient toujours les villes à proximité immédiate d'une rivière (c'était vital), et de sa raison d'être (mine, forêt,…)

 

(*) Eutrophisation : excès de nourriture dans un milieu (rivière, …). Certains organismes prolifèrent et détruisent l'équilibre d'origine. Par exemple, prolifération d'algues sur les côtes ou dans les rivières, rats dans les égouts.

 

Conclusion :

A partir de l'instant où l'homme apparaît et se donne les moyens d'agir sur l'écosystème planétaire, il devient évident que cet écosystème doit être pris en compte, maintenu en bon état de fonctionnement, de ne pas y puiser plus que de raison, et l'enrichir plutôt que l'appauvrir.

Pour aller plus loin, la notion de propriété (d'un terrain) au sens strict devient dépassée, il vaudrait mieux parler de droit d'usage, et même de bon usage. Il faut en effet tenir compte qu'une propriété est un écosystème et on ne devient pas propriétaire des vers de terre et des bactéries (ils ne savent pas lire un acte de propriété), leur rôle dépasse notre "souveraineté" sur le terrain. Le rôle de l'utilisateur reste donc à définir : si l'on détruit (béton, route, culture intensive -même bio-) le minimum serait d'enrichir un autre écosystème pour rétablir un équilibre global.