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Environnement - Machine à effondrer les galeries et même drone pour repérer les foyers de leurs « alliées » les taupes

                             Campagnols : un nouvel arsenal

La lutte contre le campagnol est ouverte. Nouvelles machines, nouvelles méthodes.

 

Pontarlier. « C’est une guerre ! » Daniel Prieur, président de la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon), n’hésite pas à utiliser cette image pour parler du campagnol terrestre. Car les ravages de ce petit rongeur sont gigantesques. En mangeant les racines, il dévaste des prairies.

Résultat : une exploitation infestée peut accuser 15 000 € de perte. Or, le phénomène de pullulation, c’est-à-dire le pic de population, revient tous les cinq à six ans. Cette année, c’est le secteur d’Avoudrey qui est concerné, avec 800 à 1 000 campagnols par hectare. Dégâts assurés.

C’est pour les éviter à l’avenir qu’une conférence sur la question a eu lieu jeudi à Bians-les-Usiers, une commune au centre d’une Zone d’expérimentation de lutte anti-campagnol (Zelac).

Un problème multifactoriel

Dans un monde idéal, on tue les campagnols quand ils apparaissent et tout le monde est content. Dans les années 70, on a cru en la bromadiolone, un puissant anticoagulant. On piégeait alors des grains de blé.

Le produit s’achetait au bidon et certains étaient devenus des extrémistes de la « broma ». Ça n’a pourtant pas empêché la crise de 1998 : en tuant les campagnols, on empoisonnait également ses prédateurs. Renard, buses, eux-mêmes chargés d’en réguler la population, étaient décimés.

Pire encore, la crise fit une terrible publicité au comté. Les fromagers hollandais se sont saisis de l’affaire pour mettre en avant leur propre produit.

Le problème est complexe. Une infestation dépend de multiples facteurs. De l’altitude, de la profondeur de la terre, du type de paysage, déjà. Ces petites bêtes profitent également de la présence des taupes. « Les taupes seraient le génie qui construit le réseau de galerie, et les campagnols l’infanterie qui les utilisent. » Les monocultures ni labourées ni pâturées sont enfin idéales pour que le réseau prolifère.

Chez les anciens, c’était le grand-père qui était chargé de piéger les taupes. Mais les parcelles étaient alors dix à vingt fois plus petites.

Une stratégie à plusieurs fronts

Pour lutter, la Fredon a décidé d’engager une véritable stratégie : d’abord, simuler le piétinement des vaches grâce à un rouleau hérissé de petits cylindres. Les galeries s’effondrent, ce qui oblige les taupes à reconstruire et, ce faisant, elles se manifestent.

On peut ainsi repérer les foyers à vue d’œil, ou du ciel, grâce à un drone. Il ne reste plus qu’à traiter, avec du gaz, pour asphyxier les taupes. Un gaz injecté via des sondes modernes, qui ne libèrent leur poison que lorsqu’elles trouvent une galerie. Elles sont montées sur un bras arrimé à un tracteur. Une méthode encore expérimentale mais qui serait nettement plus raisonnable que l’ancienne.

À la Fredon, on conserve encore la bromadiolone dans l’arsenal : avec ce genre de repérage, on peut piéger pendant les périodes de basses densités et limiter ainsi les populations au moment des pullulations. En Franche-Comté, les arrêtés sont même plus sévères que la réglementation nationale.

On pense également à replanter des céréales sur certaines parcelles, différentes chaque année : cela permettrait de remuer la terre. Et ainsi de freiner la constitution des galeries.

Jérôme COHEN